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FUSAINS ET EAUX-FORTES.

les étrangers ne se montrent que trop ardents à nous enlever nos richesses. Quand même nous soutiendrions mieux la concurrence, ce serait toujours un malheur pour les arts que les œuvres des maîtres fussent disséminées dans des collections particulières où l’on ne peut les voir que par hasard ou faveur spéciale.

Il est à regretter que les gens chargés de pousser les enchères pour le compte du musée n’eussent pas à leur disposition un plus large budget et n’aient pas pu l’aire de plus nombreuses acquisitions ; au reste, les moindres tableaux étaient disputés avec un acharnement sans pareil, et il y a telle toile que l’on a littéralement couverte de pièces d’or et de billets de banque. Nous avouons, pour notre part, que beaucoup de ces prix nous ont paru exorbitants, surtout pour plusieurs ouvrages dont le fini minutieux et l’extrême léché font le principal et même l’unique mérite.

La perle, le joyau de cette galerie était assurément le tableau duTraité de Munster, de Terburg, si admirablement gravé par Suyderhofts. Nos faiseurs de peinture officielle, nos grands entrepreneurs d’histoire auraient bon besoin d’aller souvent regarder la toile du bon Terburg ; ils verraient quel parti un homme de talent peut tirer du sujet le plus ingrat, quelles admirables ressources a trouvées sur sa palette le brave peintre de genre