Page:Gautier - Fleurs d’orient.djvu/327

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pépiements d’oiseaux. Les eunuques du palais occupent ces voitures, et gardent, avec grand souci, les chiens rares au nez aplati, les chats blancs aux yeux bleus et les cages d’alouettes chanteuses, dont les princesses n’ont pas voulu se séparer.

Le canon tonne, les gongs et les trompettes de cuivre vibrent avec un éclat terrible.

L’empereur descend de son palanquin. Il apparaît, très simple, dans une robe de satin bleu foncé, et tous les assistants se prosternent, touchant la terre du front. Tchao-Hoeï se jette aux pieds de Khien-Long ; mais ce dernier le relève et lui dit avec un sourire affable :

— L’empire et l’empereur te remercient de tes bons services.

Et, refusant d’entrer sous la tente qu’on lui a préparée, il veut se rendre à celle du général, tout confus de cet honneur.

Il n’est pas seulement confus d’une gloire trop haute, l’illustre guerrier, le héros de ce jour ; c’est un autre sentiment dont la secousse lui empourpre soudain le visage : ce jeune