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monotone, que reproduirait assez exactement un robinet mal fermé, laissant égoutter l’eau dans un bassin sonore. Les musiciens marchent à la file. Les voici qui passent sur un léger pont de bambou. Ce pont devrait franchir une rivière, mais ne franchit qu’un gentil bateau, échoué sur le sable. Ils redescendent et continuent leur promenade processionnelle, toujours secouant les tubes de bois emplumés ; ils passent devant des huttes de bambou où, sous d’étroites vérandas, des naturels sont occupés à divers ouvrages : les uns tressent des chapeaux en paille de riz, d’autres préparent le bambou, employé là-bas de mille manières ; les femmes de Djokja tissent l’étoffe nommée batik ; puis voici les marchands de liqueurs, le curaçao célèbre, l’habitation d’un planteur de cacao, enfin la cuisine du Kampong, où les kokki préparent, dans de grandes poêles et d’immenses chaudrons, d’étranges mixtures, dont la recette a l’air d’être empruntée au grimoire des sorcières.

Enfin les musiciens regagnent les tréteaux,