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Quand Ayoucha se rassied, Zénab s’avance, une gargoulette sur la tête. Elle va, vient, balance ses hanches, tourne, s’agenouille. Mais, en somme, elle est timide : elle devrait s’étendre tout de son long sur le sol, et se relever, sans que la gargoulette, emplie d’eau, en laisse échapper une goutte.

Voici venir le derviche, vêtu d’une ample jupe de fustanelle blanche, toute plissée, d’un corsage à manches étroites, et coiffé d’un bonnet de feutre qui ressemble à un pot à fleurs renversé.

Les derviches, dont le nom signifie mendiants, forment une secte religieuse, fort libérale, aux principes faciles, et qui est très aimée du peuple, en général. Ils habitent des couvents, et ils y donnent fréquemment des séances pieuses, dans lesquelles ils tournent ou hurlent, jusqu’à affolement complet.

Celui-ci est tourneur. Le voici qui étend les bras, couche sa tête sur une épaule et se met à tourner sur lui-même, d’abord lentement, puis de plus en plus vite, jusqu’à ce qu’il