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dans ses domaines, d’aucun exercice guerrier. Une vie de plaisir et de fêtes régnait seule à sa cour, d’une magnificence incomparable. Le jour, nous chassions, sur des chevaux couleur de neige, avec quatre cents lévriers dont les colliers étaient d’or et de pierreries ; le soir, dans les palais illuminés, les festins nous réunissaient, et, au milieu des concerts et des danses, les plus belles des esclaves nous versaient toutes les ivresses. Mais le sultan Sangiar s’informa de moi, il m’appela à sa cour, me combla de caresses et de faveurs. Hélas ! la guerre survint, je dus faire partie de l’expédition, qui finit d’une façon si désastreuse, et, réduit au plus cruel des esclavages, après une vie si belle, je n’espérais plus rien que la mort.

— Dieu est grand ! s’écria Djémila, tu es d’un rang égal au mien, et je peux t’aimer sans déchoir, toi que je n’aimerais pas moins si tu étais le plus humble des hommes ! Ne pleure plus ta défaite. Est-il un héros qui n’ait jamais été vaincu ? Si tu partages mon amour,