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git et mord ses lèvres : car la scène qui l’impatiente le plus, le premier épisode de ce caprice du maître, se replace obstinément devant ses yeux.

C’était dans le harem, comme aujourd’hui ; le khalife était venu pour se reposer en écoutant de la musique, et il y avait là, parmi les chanteuses, cette trop charmante esclave. Elle était à demi agenouillée sur des coussins, ses beaux cheveux retenus par un bandeau d’or, sur lequel, en perles, on avait brodé ce distique :


La seule vue de mon visage bouleverse l’âme.
Dis-moi, que serait-ce donc de toute ma personne ?


et le roi la regarde trop, il l’admire, il la mange des yeux. Maridah s’en aperçoit bien, elle est émue, ses cils palpitent, se levant et se baissant, un souffle plus rapide agite son sein, et sa beauté semble s’illuminer sous le regard royal. Pourquoi aussi avoir auprès de soi des esclaves à ce point ravissantes ?

Voici que Haroun-el-Raschid fait un signe à