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fille, qu’elle aimait tant, sans protection. « Je suis veuve, disait-elle, je n’ai plus de parents. À qui puis-je confier cette jeune fille innocente, si ce n’est à toi ? Je veux te l’amener, alors je partirai tranquille. — Pourquoi ne suis-je pas depuis longtemps l’amie de ta fille ? lui dis-je, pourquoi ne m’avoir jamais parlé d’elle ? — Elle était trop jeune et achevait son éducation, aujourd’hui tu la connaîtras. » Elle me quitta, et revint bientôt avec sa fille. Celle-ci avait l’air doux et timide ; elle m’embrassa gentiment en me demandant d’être sa sœur. Je lui répondis que cela était déjà ainsi, puisque sa mère m’avait servi de mère. Nous fûmes amies bientôt, nous vivions dans la plus complète intimité, nous couchions dans la même chambre.

Hélas ! une nuit, pendant que je dormais, quelqu’un se glissa dans mon lit, et, avant que j’eusse pu me reconnaître, je savais l’affreuse vérité : le fourbe que je croyais une fille était un jeune homme !

Mes cris, il les éteignit sous ses lèvres ;