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aventures du baron de münchhausen.

compagnons n’y eussent été engloutis. Je courus ventre à terre au prochain village chercher les mineurs, qui, après de grands efforts, parvinrent à retirer les infortunés de ce puits qui mesurait pour le moins quatre-vingt-dix pieds de profondeur.

Ils amenèrent d’abord le domestique, son cheval, ensuite le lieutenant, puis son cheval ; enfin ma femme, et après elle son petit barbe. Le plus curieux de l’affaire, c’est que malgré cette chute effroyable, personne, ni gens ni bête, n’avait été blessé, à l’exception de quelques contusions insignifiantes ; mais ils étaient en proie à une extrême terreur. Comme vous pouvez l’imaginer, il n’y avait plus à penser à reprendre la chasse, et si, ainsi que je le suppose, vous avez oublié mon chien pendant ce récit, vous m’excuserez de l’avoir également oublié après ce terrible événement.

Le lendemain même de ce jour, je dus partir pour affaire de service, et je fus retenu quinze jours hors de chez moi. Aussitôt de retour, je demandai ma Diane. Personne ne s’en était inquiété ; mes gens croyaient qu’elle m’avait suivi ; il fallait donc désespérer de la revoir jamais. À la fin une idée lumineuse me traversa l’esprit :

— Elle est peut-être restée, me dis-je, en arrêt devant la compagnie de perdreaux !

Je m’élance aussitôt, plein d’espoir et de joie, et qu’est-ce que je trouve ! ma chienne immobile à la place