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aventures du baron de münchhausen.

Deux jours avant d’atteindre notre navire, nous vîmes trois individus pendus par les jambes à de grands arbres. Je demandai quel crime leur avait valu cette terrible punition, et j’appris qu’ils étaient allés à l’étranger, et qu’à leur retour ils avaient raconté à leurs amis une foule de mensonges, leur décrivant des lieux qu’ils n’avaient pas vus, et des aventures qui leur étaient pas arrivées. Je trouvai cette punition bien méritée, car le premier devoir d’un voyageur, c’est de ne s’écarter jamais de la vérité.

Revenus à bord, nous levâmes l’ancre et nous quittâmes ce singulier pays. Tous les arbres du rivage, dont quelques-uns énormes et très-élevés, s’inclinèrent deux fois en nous saluant en mesure. Après quoi ils reprirent leur première position.

Quand nous eûmes erré trois jours durant, Dieu sait où, — car nous manquions toujours de boussole, — nous arrivâmes dans une mer qui semblait toute noire : nous goûtâmes ce que nous prenions pour de l’eau sale, et nous reconnûmes que c’était de l’excellent vin ! Nous eûmes toutes les peines du monde à empêcher nos matelots de se griser. Mais notre joie ne fut pas de longue durée, car, quelques heures après, nous nous trouvâmes entourés de baleines et d’autres poissons non moins gigantesques : il y en avait un d’une longueur si prodigieuse que même avec une lunette