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aventures du baron de münchhausen.

À mon grand désespoir, je ne découvris aucun indice qui m’annonçât le voisinage de la terre. Enfin, avant la tombée de la nuit, j’aperçus un navire qui s’avançait de mon côté. Dès qu’il fut à portée de la voix, je le hélai de toutes mes forces : il me répondit en hollandais. Je me jetai à la mer, et nageai jusqu’au navire où l’on m’amena à bord. Je demandai où nous étions. « Dans la mer du Sud, » me répondit-on. Ce fait expliquait toute l’énigme. Il était évident que j’avais traversé le centre du globe et que j’étais tombé par l’Etna dans la mer du Sud : ce qui est beaucoup plus direct que de faire le tour du monde. Personne avant moi n’avait encore tenté ce passage, et si je refais jamais le voyage, je me promets bien d’en rapporter des observations du plus haut intérêt.

Je me fis donner quelques rafraîchissements et je me couchai. Quels grossiers personnages, messieurs que les Hollandais ! Le lendemain je racontai mon aventure aux officiers aussi exactement et aussi simplement que je viens de le faire ici, et plusieurs d’entre eux, le capitaine surtout, firent mine de douter de l’authenticité de mes paroles. Cependant, comme ils m’avaient donné l’hospitalité à leur bord, et que si je vivais c’était grâce à eux, il me fallut bien empocher l’humiliation sans répliquer.

Je m’enquis ensuite du but de leur voyage. Ils me