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aventures du baron de münchhausen.

je finis par déclarer ouvertement au capitaine que j’avais plus de confiance dans le nez de mon Traï que dans les yeux de tous les marins du bord, et je pariai hardiment cent guinées, — somme que j’avais destinée à ce voyage, — que nous trouverions du gibier avant une demi-heure.

Le capitaine, qui était un excellent homme, se remit à rire de plus belle, et pria M. Crawford, notre chirurgien, de me tâter le pouls. L’homme de l’art obéit et déclara que j’étais en parfaite santé. Ils se mirent alors à causer à voix basse : je parvins cependant à saisir quelques mots de leur conversation :

— Il n’a pas sa tête à lui, disait le capitaine, je ne peux pas honnêtement accepter ce pari.

— Je suis d’un avis entièrement contraire, répliquait le chirurgien ; le baron n’est nullement dérangé ; il a plus de confiance dans l’odorat de son chien que dans la science de nos officiers, voilà tout. En tout cas, il perdra, et il l’aura bien mérité.

— Ce n’est pas raisonnable de ma part d’accepter un pareil pari, répétait le capitaine. Toutefois je m’en tirerai à mon honneur en lui rendant son argent après l’avoir gagné.

Traï n’avait point bougé pendant cette conversation, ce qui me confirma dans mon opinion. Je proposai une seconde fois le pari, qui fut enfin accepté.

Nous avions à peine prononcé le tope là sacramental que des matelots placés dans la chaloupe attachée à l’arrière