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plus ridicules. Vous vous compromettez d’une horrible manière, et, si vous n’y prenez garde vous allez vous perdre de réputation…

― Ah ! c’est vous, George ! dit Musidora comme si elle sortait d’un rêve.

― Oui, mon infante, c’est moi, votre sincère et fidèle ami, l’admirateur juré de vos charmes, votre chevalier et votre troubadour, votre ancien Roméo…

― George, vous avez trouvé moyen d’être plus ivre qu’à l’ordinaire. ― Comment vous y êtes-vous pris ?

― Moi ? Musidora, je suis d’une gravité funèbre. — Hélas ! le vin ne me grise plus ! ― Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit. L’on dit, Musidora, j’ose à peine vous le répéter, que vous êtes sérieusement amoureuse, ― amoureuse comme une grisette ou une lingère.

― Vraiment, l’on dit cela ! fit Musidora en repoussant derrière ses oreilles les ondes de cheveux qui débordaient sur ses joues.

― L’on dit aussi que vous êtes entrée en religion et que vous avez la prétention d’être la Madeleine moderne ; que sais-je moi ? mille bruits absurdes ! ― Mais ce qu’il y a de sûr, c’est que nous ne savons que devenir depuis qu’il vous a plu de décrocher votre astre de notre ciel. Musidora, vous nous manquez terriblement ; moi, je m’ennuie patriarcalement, et l’autre jour, pour me distraire, j’ai été réduit à