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de Paros, Hésychius de Milet, Ptolémée, Euphorion et tous ceux qui ont parlé longuement ou en peu de mots de Nyssia, de Candaule et de Gygès, nous n’avons pu arriver à un résultat certain. Retrouver à travers tant de siècles, sous les ruines de tant d’empires écroulés, sous la cendre des peuples disparus, une nuance si fugitive, est un travail fort difficile pour ne pas dire impossible.

Toujours est-il que la résolution de Nyssia était implacablement prise ; ce meurtre lui semblait l’accomplissement d’un devoir sacré. Chez les nations barbares, tout homme qui a surpris une femme nue est mis à mort. La reine se croyait dans son droit ; seulement, comme l’injure avait été secrète, elle se faisait justice comme elle le pouvait. Le complice passif devenait le bourreau de l’autre, et la punition jaillissait du crime même. La main châtiait la tête.

Les monstres au teint d’olive enfermèrent Gygès dans un recoin obscur du palais d’où il était impossible qu’il s’échappât, et d’où ses cris n’auraient pu être entendus.

Il passa là le reste de la journée dans une anxiété cruelle, accusant les heures d’être boiteuses et de marcher trop vite. Le crime qu’il allait commettre, bien qu’il n’en fût en quelque sorte que l’instrument, et qu’il cédât à un ascendant irrésistible, se présentait à son esprit sous les couleurs les plus sombres. Si le coup