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lonnes, où les frises étaient peuplées de figurines en ouvrage de plastique polychrome représentant des processions et des sacrifices, et arrivèrent enfin dans une partie reculée de l’ancien palais dont les murailles étaient formées de pierres à angles irréguliers et jointes sans ciment à la manière cyclopéenne. Cette vieille architecture avait des proportions colossales et un caractère formidable. Le génie démesuré des anciennes civilisations de l’Orient y était lisiblement écrit, et rappelait les débauches de granit et de briques de l’Égypte et de l’Assyrie. ― Quelque chose de l’esprit des anciens architectes de la tour de Lylacq survivait dans ces piliers trapus, aux profondes cannelures torses, dont le chapiteau était composé de quatre têtes de taureau affrontées et reliées entre elles par des nœuds de serpents qui semblaient vouloir les dévorer, obscur emblème cosmogonique dont le sens n’était déjà plus intelligible et qui était descendu dans la tombe avec les hiérophantes des siècles précédents. ― Les portes n’avaient ni la forme carrée ni la forme ronde : elles décrivaient une espèce d’ogive assez semblable à la mitre des mages et augmentant encore par cette bizarrerie le caractère de la construction.

Cette portion du palais formait comme une espèce de cour entourée d’un portique dont le bas-relief généalogique auquel Candaule avait fait allusion ornait l’architrave.