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diocre ; il se contentait de repousser les attaques des voisins ambitieux sans chercher à étendre ses États. ― Il préférait bâtir des palais pour lesquels ses conseils ne manquaient pas aux architectes, faire des collections de statues et de tableaux des anciens et des nouveaux peintres ; il avait des ouvrages de Téléphanes de Sicyone, de Cléanthes et d’Ardices de Corinthe, d’Hygiémon, de Dinias, de Charmade, d’Eumarus et de Cimon, les uns au simple trait, les autres coloriés ou monochromes. ― On disait même que Candaule, chose peu décente pour un prince, n’avait pas dédaigné de manier de ses mains royales le ciseau du sculpteur et l’éponge du peintre encaustique.

Mais pourquoi nous arrêter à Candaule ? Le lecteur est sans doute comme le peuple de Sardes, et c’est Nyssia qu’il veut connaître.

La fille de Mégabaze était montée sur un éléphant à la peau rugueuse, aux immenses oreilles semblables à des drapeaux, qui s’avançait d’un pas lourd, mais rapide, comme un vaisseau parmi des vagues. Ses défenses et sa trompe étaient cerclées d’anneaux d’argent ; des colliers de perles énormes entouraient les piliers de ses jambes. Sur son dos, que recouvrait un magnifique tapis de Perse aux dessins bariolés, s’élevait une espèce d’estrade écaillée de ciselure d’or, constellée d’onyx, de sardoines, de chrysolithes, de lapis-lazuli, de girasols ; sur cette estrade était assise