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CHAPITRE III


Qu’est-ce que ce jeune homme qui, debout sur un morceau d’écorce se permet de suivre la cange royale, et qui peut lutter de vitesse contre cinquante rameurs du pays de Kousch, nus jusqu’à la ceinture et frottés d’huile de palmier ? Quel intérêt le pousse et le fait agir ? Voilà ce que nous sommes obligé de savoir en notre qualité de poète doué du don d’intuition, et pour qui tous les hommes et même toutes les femmes, ce qui est plus difficile, doivent avoir au côté la fenêtre que réclamait Momus.

Il n’est peut-être pas très aisé de retrouver ce que pensait, il y a tantôt deux mille ans, un jeune homme de la terre de Khemé qui suivait la barque de Cléopâtre, reine et déesse Évergète, revenant de la Mammisi d’Hermonthis. Nous essayerons cependant.

Meïamoun, fils de Mandouschopsch, était un jeune homme d’un caractère étrange ; rien de ce qui touche le commun des mortels ne faisait impression sur lui ; il semblait d’une race plus haute, et l’on eût dit le produit de quelque adul-