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dans votre toilette comme le fils d’un paysan ou comme un poète lyrique. Dans quelle misère êtes-vous tombé ? Quel malheur vous est-il arrivé ? Vous étiez autrefois le modèle des élégants. Que les dieux me pardonnent ! votre tunique est déchirée en deux endroits.

— Ériphile, je ne suis pas misérable, je suis malheureux. Prends cette bourse, et fais-moi parler sur-le-champ à ta maîtresse. »

La vieille esclave, qui avait été nourrice de Bacchide, et à cause de cela jouissait de la faveur de pénétrer librement dans sa chambre à toute heure du jour, alla trouver sa maîtresse et pria Ctésias de l’attendre à la même place.

« Eh bien, Ériphile ? dit Bacchide en la voyant entrer avec une mine compassée et ridée, pleine d’importance et de servilité à la fois.

— Quelqu’un qui vous a beaucoup aimée demande à vous voir, et il est si impatient de jouir de l’éclat de vos yeux, qu’il m’a donné cette bourse pour hâter les négociations.

— Quelqu’un qui m’a beaucoup aimée ? fit Bacchide un peu émue. Bah ! ils disent tous cela. Il n’y a que Ctésias de Colophon qui m’ait véritablement aimée.

— Aussi est-ce le seigneur Ctésias de Colophon en personne.

— Ctésias, dis-tu ? Ctésias, mon bien-aimé Ctésias ! il est là qui demande à me voir ? — Va, cours aussi vite que tes jambes chancelantes