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Plangon, malgré les observations timides de ses femmes, au risque de renverser de fond en comble l’édifice déjà avancé de sa coiffure, se détourne de temps en temps et se penche en arrière pour embrasser l’enfant. C’est un groupe d’une grâce adorable, et qui appelle le ciseau du sculpteur.

Hélas ! hélas ! Plangon la belle, votre bonheur ne doit pas durer ; vous croyez donc que vos amies Archenassa, Thaïs, Flora et les autres souffriront que vous soyez heureuse en dépit d’elles ? Vous vous trompez, Plangon ; cet enfant que vous voudriez dérober à tous les regards et que vous tenez prisonnier dans votre amour, on fera tous les efforts possibles pour vous l’enlever. Parle Styx ! c’est insolent à vous, Plangon, d’avoir voulu être heureuse à votre manière et de donner à la ville le scandale d’une passion vraie.

Un esclave soulevant une portière de tapisserie s’avance timidement vers Plangon et lui chuchote à l’oreille que Lamie et Archenassa viennent lui rendre visite, et qu’il ne les précède que de quelques pas.

« Va-t’en, ami, dit Plangon à l’enfant ; je ne veux pas que ces femmes te voient ; je ne veux pas qu’on me vole rien de ta beauté, même la vue ; je souffre horriblement quand une femme te regarde. »

L’enfant obéit ; mais cependant il ne se retira