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aux cheveux blonds, et lui dirent où était le nid. Valentin, qui était un malin petit drôle, trouva facilement la place ; il mit le nid dans sa poitrine et l’apporta sans encombre. Fleurette et Isabeau, accoudées au balcon, l’attendaient avec impatience. Valentin arriva bientôt, tenant le nid dans ses mains. Les trois petits passaient la tête, ouvraient le bec tout grand. Les jeunes filles s’apitoyèrent sur ces petits orphelins et leur donnèrent la becquée chacune à son tour. Quand ils furent un peu plus grands, elles commencèrent leur éducation musicale, comme elles l’avaient promis au rossignol vaincu.

C’était merveille de voir comme ils étaient privés, comme ils chantaient bien. Ils s’en allaient voletant par la chambre, et se perchaient tantôt sur la tête d’Isabeau, tantôt sur l’épaule de Fleurette. Ils se posaient devant le livre de musique, et l’on eût dit, en vérité, qu’ils savaient déchiffrer les notes, tant ils regardaient les blanches et les noires d’un air d’intelligence. Ils avaient appris tous les airs de Fleurette et d’Isabeau, et ils commençaient à en improviser eux-mêmes de fort jolis.

Les deux cousines vivaient de plus en plus dans la solitude, et le soir on entendait s’échapper de leur chambre des sons d’une mélodie surnaturelle. Les rossignols, parfaitement instruits, faisaient leur partie dans le concert, et ils chantaient presque aussi bien que leurs maîtresses, qui, elles-mêmes, avaient fait de grands progrès.