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Éliante était toute coiffée avec un œil de poudre, deux repentirs de chaque côté du col, un hérisson sur le haut de la tête, les sept pointes bien marquées, et des crêpés neigeux qui faisaient admirablement près de sa fraîche figure. Des plumes blanches posées en travers lui donnaient une physionomie agaçante et mutine. Bref, elle était suprêmement bien.

On lui mit sa robe, elle avait un panier de huit aunes de large. La jupe était relevée de nœuds et de papillons de diamants ; sa robe de moire, rose-paille, du ton le plus tendre, flottait autour de sa taille de guêpe avec des plis riches et abondants ; son corset, à demi fermé par une échelle de rubans, laissait entrevoir des beautés dignes des princes et des dieux ; elle n’avait d’ailleurs ni collier ni rivière ; Éliante savait trop bien que le cou distrairait du collier, et que chacun crierait au meurtre pour le moindre vol fait aux yeux ; pour tout ornement, une seule petite rose pompon naturelle s’épanouissait à l’entrée de ce blanc paradis. Ses mules pareilles à sa robe auraient pu servir à une Chinoise.

« Duc, j’ai une place dans ma loge, dit Éliante ; vous me reconduirez, » ajouta-t-elle en souriant.

Le duc Alcindor s’inclina respectueusement ; Éliante prit Fanfreluche-Sosie dans son manchon, et l’on partit pour l’Opéra.