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neur et le baisa fort tendrement entre les deux yeux.

Alcindor ne fut nullement surpris de la préférence de la comtesse pour le bichon et attendit patiemment son tour. Nous avons oublié de dire qu’Éliante s’était levée si brusquement, que son peignoir de batiste s’était dérangé, de façon qu’Alcindor reconnut avec plaisir qu’il s’était abandonné à un mouvement de mauvaise humeur, et qu’Éliante n’avait pas de beau que les dents et les yeux.

« Madame, fit gracieusement le duc Alcindor, je ne suis pas le diable, je ne suis pas votre mari, je suis tout bonnement un homme qui vous adore. Voilà Fanfreluche ; souvenez-vous de ce que vous avez dit. »

Éliante donna un franc et loyal baiser au duc Alcindor ; mais vous savez qu’en fait de baiser avec les jolies femmes, chacun se pique de générosité et ne veut pas garder le cadeau qu’on lui fait. Alcindor, qui n’était pas avare, rendit donc à Éliante son baiser considérablement revu et augmenté. Heureusement que Fanchonnette entra fort à propos.

« Ayez la bonté de vous tenir un peu derrière ce paravent ; dès qu’on m’aura mis mon corset, l’on vous appellera…

— Venez, monsieur, c’est fait, » dit Fanchonnette.

Alcindor sortit de derrière son paravent.