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jardin des Hespérides gardées par des dragons n’étaient rien au prix de cela ; on s’en fût procuré un quarteron avec moins de peine qu’il n’en eût fallu pour arracher de la précieuse toison de Fanfreluche une seule de ses soies.

Comment en approcher ? Le demander à la marquise ? elle aurait plutôt renoncé au rouge et donné ses diamants. Le voler ? elle le portait toujours dans son manchon. — Le pauvre duc ne savait que résoudre sa perplexité était au comble.

« Ah ! ma foi ! vivent nos chères impures ! Il n’y a rien de tel au monde que l’Opéra pour la commodité des soupirs. Ces demoiselles sont pleines de bon sens et ne donnent pas ainsi dans les goûts bizarres ; elles veulent du solide et du positif. Avec des diamants, de la vaisselle plate, un carrosse ou quelque autre misère de ce genre, on en est quitte. Je vous demande un peu quelle idée est celle-là, de vouloir le bichon de la marquise précisément ? Je lui donnerais bien volontiers, en retour de ses précieuses faveurs, une meute tout entière de petits chiens tout aussi beaux que Fanfreluche ; mais point ; c’est celui-là qu’elle veut. Ce n’est pas que je sois fort amoureux de cette Éliante ; elle n’a de beau que les yeux et les dents, elle est maigre, et son charme consiste plutôt dans les manières et la tournure. Pour ma part, je préfère la Rosine et la Desobry ; mais je dois à ma réputation