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m’avoir baisé le pied, parce que, disait-il, j’étais la seule femme de France qui les pourrait chausser.

― Pourquoi ne pas le relancer chez lui ? dit Alfred, l’amant en expectative de Cinthie.

― Chez lui ? C’est bien aisé à dire et malaisé à faire.

― En effet, il doit sortir beaucoup ; c’est un homme très répandu, ajouta l’amant réformé.

― Vous ne m’avez pas comprise ; pour aller chez lui, il faudrait savoir d’abord où il demeure, répliqua Arabelle.

― Il doit cependant demeurer quelque part, à moins qu’il ne perche, ce qui est encore possible, dit George ; quelqu’une de vous, adorables princesses, sait peut-être sur la branche de quel arbre miraculeux le bel oiseau a fait son nid ?

― Si je le savais, messer Georgio, je ne serais pas ici, je vous le jure, et vous pouvez m’en croire, dit la silencieuse Romaine.

― Bah ! dit Alfred, est-ce que l’on a besoin de logis ? les dames du temps entendent l’hospitalité d’une si large manière.

― Laquelle de vous, mesdames, sert de maison à Fortunio ?

― Ce que tu dis n’a pas le sens commun ; et où mettrait-il ses habits et ses bottes ? reprit George gravement ; il faut toujours bien un hôtel pour loger ses bottes. ― Du reste, nous avons