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Son nez fin et mince, sa bouche épanouie et rouge comme une fleur de cactus, la largeur de ses hanches, la petitesse de ses pieds et de ses mains, tout accusait en elle une pureté de race et une force remarquables.

Fortunio l’avait achetée, à l’âge de neuf ans, le prix de trois bœufs ; elle n’avait pas eu de peine à sortir de la foule des beautés de son sérail et à devenir sa favorite. Fortunio, s’il ne lui avait pas été fidèle, chose impossible avec ses idées et les mœurs orientales, lui était toujours resté constant.

Jamais, avant Musidora, il n’avait eu pour d’autres un caprice aussi vif et aussi passionné, et notre chatte aux prunelles vert de mer était la seule femme qui eût jamais balancé dans le cœur de notre héros l’influence de Soudja-Sari.

Soudja-Sari, assise sur un tapis, se regarde dans un petit miroir fait de pierre spéculaire et emmanché dans un pied d’or finement ciselé ; quatre femmes, accroupies autour d’elle, tressent ses cheveux qu’elles se sont partagés et qu’elles entremêlent de fils d’or ; une cinquième, posée plus loin, lui chatouille légèrement le dos avec une petite main sculptée en jade, montée au bout d’un bâton d’ivoire.

Keni-Tambouhan et Koukong-Alis sortent des coffres de bois de cèdre qui servent de vestiaire à notre princesse des robes et des étoffes précieuses ; ce sont des satins noirs avec des fleurs