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Grâce à la traduction de ce nom significatif que nous devons à l’obligeance d’un membre de la Société asiatique très fort sur le javan, le malais et autres patois indiens, nous savons que Soudja-Sari est une belle à l’œil voluptueux, au regard velouté et chargé de rêverie.

Qui l’emportera, des yeux de jais de Soudja-Sari ou des prunelles d’aigue-marine de Musidora ?


CHAPITRE XX


L’habitation de Fortunio avait un pied dans la rivière ; ― un escalier de marbre blanc, dont l’eau montait ou descendait quelques marches, suivant l’abondance des pluies ou l’ardeur de la saison, conduisait de la chambre de Fortunio à une petite barque dorée et peinte, couverte d’un tendelet de soie.

Fortunio proposa de faire un tour sur la rivière avant de déjeuner ; Musidora y consentit.

Elle se plaça, à l’ombre du tendelet, sur une estrade de carreaux ; Fortunio se coucha à ses pieds, fumant son hooka, et quatre nègres, vêtus de casaques rouges, firent voler la barque comme