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malgré toute son habileté à ne pas se laisser prendre et sa souplesse de Protée pour se dérober aux curieux, nous étions venu à bout de lui mettre la main sur le collet et de pénétrer dans une de ses retraites, ― peut-être même dans son terrier principal ; et voilà que toutes nos peines sont perdues ; ― il faut nous remettre en quête et flairer sur tout les pavés la trace de ce nouveau mystère.

Quelle scélérate idée a poussé ce damné Fortunio à prononcer dans le lit, à côté de Musidora, un nom aussi incongru que celui de Soudja-Sari ?

Il est évident que nos lectrices voudront savoir ce que c’est que Soudja-Sari. ― Soudja-Sari la Javanaise ! ― Est-ce une maîtresse que Fortunio a eue dans les Indes, la femme à qui est adressé le pantoum malais trouvé dans le portefeuille volé et traduit par le rajah marchand de dattes ?

Il nous est impossible de décider cette question importante ; — c’est pour la première fois que nous entendons le nom de Soudja-Sari ; elle nous est aussi inconnue que le grand khan de Tartarie, et nous avouons que ce souvenir de Fortunio est tout à fait déplacé.

N’a-t-il pas Musidora, une ravissante créature, une perle sans pareille, dont l’âme, régénérée par l’amour, est aussi charmante que l’enveloppe ; le suprême effort de la nature pour