Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 2.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans pareille ! — douze pages pour vingt-quatre perfections ! — C’est peu.

Il a fallu, grand paresseux que vous êtes, que cette pauvre Musidora se désolât outre mesure, que George se grisât comme une multitude de tambours-majors, qu’Alfred débitât un plus grand nombre de sottises qu’à l’ordinaire, que Cinthia fît voir son dos et sa gorge, Phébé sa jambe, Arabelle sa robe, pour remplir l’espace que vous deviez occuper tout seul. — Si nous avons commis une inconvenance en introduisant, faute de savoir où le mener, notre lecteur dans la salle de bain de Musidora, c’est vous qui en êtes cause. Vous nous avez fait allonger nos descriptions et forcé à violer le précepte d’Horace : Semper ad eventum festina. Si notre roman est mauvais, la faute en est à vous ; — qu’elle vous soit légère ! — Nous avons mis l’orthographe de notre mieux et cherché dans le dictionnaire les mots dont nous n’étions pas sûr. — Vous qui étiez notre héros, vous deviez nous fournir des événements incroyables, de grandes passions platoniques et autres, des duels, des enlèvements, des coups de poignard ; à cette condition, nous vous avions investi de toutes les qualités possibles. Si vous continuez sur ce pied-là, notre cher Fortunio, nous déclarerons que vous êtes laid, bête, commun, et, de plus, que vous n’avez pas le sou. Nous ne pouvons pas non plus vous aller guetter au coin des rues,