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croix et demanda : « Qui es-tu ? » — « Je suis ton fils, né de ton petit doigt. » La vieille le prit elle regarda : ah ! qu’il était petit, tout petit, tout petit, on le voyait à peine par terre : elle l’appela Petit Poucet. « Et papa, où est-il ? » demanda Petit Poucet. « Il est allé aux champs. — Je vais aller le rejoindre ; je l’aiderai. — Va, petiot. »

Il arriva au champ où son père, labourait : « Dieu te garde, petit père ! » Le vieux regarda tout autour de lui ; « Voilà un prodige ! J’entends une voix humaine, et je ne vois personne. Qui est-ce qui me parle ? — Moi, ton fils. — Je n’ai jamais eu d’enfant. — Je ne suis au monde que de ce matin ; maman hachait des choux pour faire un pâté, elle s’est coupé le petit doigt de la main, elle l’a jeté derrière le poêle, et voilà : Petit Poucet était né. Je suis venu te rejoindre et t’aider à labourer la terre. Va, petit père, assied-toi, mange ce que Dieu, t’a donné, et repose-toi un peu. » Le vieux fut enchanté, et il s’assit pour dîner : quant à Petit Poucet, il se glissa dans l’oreille du cheval et se mit à labourer ; mais d’abord il dit à son père : « Si quelqu’un veut m’acheter, vends moi, et n’aie pas peur je ne serai pas perdu ; je reviendrai bien à la maison Voilà que par là passe un seigneur, il regarde et il s’émerveille : le cheval va, la charrue laboure, et d’homme point, « Ma foi, dit-il, c’est une chose qu’on n’a jamais vue, et qu’on n’a jamais entendu dire, qu’un cheval laboure tout seul pour lui. — Est-ce que tu es aveugle ? » dit le vieux ;