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droitement les tendons du cœur, et la vache tomba morte. L’araignée se cacha vite sous le foie, et Sire Taba dans son angoisse se fourra dans l’estomac. — Le lendemain, les valets du roi trouvèrent la vache morte ; on lui ouvrit le ventre, puis avec des haches on sépara la chair des côtes. Voilà que l’araignée se mit à crier du dedans : « Ne m’attrapez pas, ne m’attrapez pas ! » Tous, effrayés, se sauvèrent et allèrent dire au roi que la vache morte parlait. — Le roi vint lui-même et ordonna de recommencer l’opération. Enfin on trouva l’araignée et le roi commanda de la fouetter : on l’attacha à un arbre, mais à peine avait-elle reçu le premier coup qu’elle s’écria : « Sire Taba et moi nous étions ensemble. — Où est Sire Taba, alors ? » demanda-t-on. Comme l’araignée ne pouvait le dire, le roi dit : « Tu mens, araignée ; c’est toi qui as tué ma vache. » — Cependant Taba se tenait caché dans l’estomac de la vache. On envoya les enfants au ruisseau pour laver les boyaux ; comme ils en secouaient le contenu dans l’eau, Sire Taba sortit doucement, ne reparut que de l’autre côté du ruisseau, et se mit à crier : « Pourquoi me traitez-vous de la sorte ? — Oh ! Sire Taba, dirent les enfants, nous ne savions pas. » — Quand le roi entendit la voix de Sire Taba, il accourut et demanda ce qu’il y avait. « Ah ! dit-il, les enfants m’ont couvert d’ordures pendant que je me baignais. » Le roi alla lui-meme chercher une chemise et des culottes et dit à Sire Taba : « Lave-toi, ami, et habille-toi. » Sire Taba obéit et alla avec le roi à la ville. »