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nouvelle preuve de sa popularité en France. Parmi les contes gascons qu’a réunis M. Bladé, et qu’il imprimera prochainement, figure celui de Grun {Grain) de millet, nom qui vient s’ajouter à la riche synonymie de notre héros, et qui rappelle d’une manière frappante les noms grecs de Moitié de pois et de Grain de poivre. D’après les quelques mots que m’en a dits M. Bladé, Grun de millet passe par la plupart des aventures que nous connaissons : il laboure, il est avalé par une vache, par un loup, etc. ; je ne sais pas s’il se fait voleur et s’il vole des bœufs.

Je n’en persiste pas moins à croire à l’origine allemande de tous les contes français sur Poucet. D’une part, on ne trouve de traces de ce récit ni chez les Celtes, ni chez les autres peuples romans, tandis que chez les Slavo-Germains il est profondément enraciné ; d’autre part, tandis que plusieurs peuples slaves et allemands possèdent et le conte et le nom de la constellation, qui à eux deux composent le mythe, les Français, de même que les Grecs, les Albanais, les Écossais, ne connaissent que le conte, bien plus facile à transmettre, mais dépouillé, par cet isolement, de sa signification primitive. Le Char de Poucet n’est connu que des Wallons, si voisins de l’Allemagne, et dont les mœurs, les croyances, la langue même ont subi une forte influence germanique.


Je termine par un rapprochement qui est peut-être une simple curiosité. M. Schlenker, dans