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PORCIE.

N’ayant auecquetoy ton amante Forcie ! Brute pardonne moy, ie ffay bien que i’ay tort De viure vn feul moment apres ton dernier fort. Le cognoy bien mon tort, las ! i’ay bien cognoiffance, Omon Brute, mon cœur, qu’en cela te t’offence, Iet’en requiers pardon, Brute pardonne mey, Iene feray long-temps fans me voir pres de toy, Tant que tu as vefcu i’ay bien defiré viure, Mais ores eftant mert i’ay defir de te fuyure. Meurtriffez-moy Tyrans, abayez, àma mort, Car tandis que ie vy, Brute n’est pas tout morte Il vit encore en moy, ma vie eft demy-fienne, Tout ainsi que fa mort eft außi demy-mienne. Nous n’auions qu’vn vouloir, nous n’auions qu’ve defir,

En ce quel’vn aimoit, l’autre prenoit plaisir. Or pour vostre Cefar vous pourfuiuiftes Brute, Et toutesfois famort fut deuant moy conclute, T’eftois de l’entreprife, ne fe baftit rien Contre cet oppreffeur, que iene fceuffe bien. Hé Brute hé Brute belas ! dequoy ce grand couraDequoy cefte vertu coufue à ton lignage, Te profite aujourd’huyloù eft ce front vousté, Où font ces bras vengeurs de noftre liberté ? (8%₂

Hà pays trep ingrat, possi trep ingrat, vous n’eftes affez digna D’auoir pour citoyenne vne ame tant diuine ! Detestable feiour, vous ne meritez pas Qu’vn fi cher nourriçon demeure entre vos bras ! Yous l’auez laißé perdre, & mal-heureufeterre ! Et au lieu de l’aimer vous luy auez fait guerre. Hé Brute Brute helas ! ains quatrope t’ent poind,

Demoy ta trifte fœur ne te fouwint-il point Quoy ? deuant qu’amortir le flambeau de ta vie D 1

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