Le roi nomma général en chef de ses armées le gouverneur Ken-Tchi, ancien tireur d’arc.
« Mais j’ignore tout de l’art militaire ! s’écria l’archer.
— Qu’importe ! Tu es le favori de la Fortune, va et sois vainqueur ; sinon je te fais trancher la tête.
— Ne t’attriste pas, murmurèrent les petits animaux. Tu vaincras. »
L’armée coréenne rencontra l’armée ennemie sur les rives de l’Anmoka.
Durant la nuit qui précéda le combat, les petits animaux s’en allèrent dans les champs et les forêts, et crièrent à toutes les souris et à tous les rats des alentours :
« Allez ! sur l’autre rive, parmi l’armée ennemie ; rongez les bois et les cordes de ses arcs, dévorez les provisions et les chaussures. »
Une armée sans approvisionnements, sans armes et sans chaussures n’est plus une armée, mais un ramassis de miséreux.
Ken-Tchi la fit prisonnière le lendemain.
Ce fut la fin de la guerre, et le gouverneur fut nommé ministre.
Quant aux petits animaux, ils eurent une infinie descendance : on les appelle des chats.
Quoique les chats actuels ne parlent plus, aujourd’hui encore les Coréens les considèrent, en souvenir de leur origine, comme des animaux sacrés ; ils les aiment, ils les vénèrent en souvenir du grand service qu’ils rendirent, jadis, à leur patrie.