Mais Nian se présenta le jour du mariage, et la jeune fille dit, en le désignant :
« Voici mon mari. »
Nian enleva alors son mantelet et tout le monde lut sur son dos le nom de Tori-si ; mais le père persista dans sa résolution.
« Ni le ciel ni L’enfer n’ont le droit de contrevenir à la volonté paternelle, » dit-il.
Alors Nian, ayant consulté Tori-Si, dit :
« Puisque Tori-Si ne veut pas garder ma vie, puisqu’on veut l’obliger à épouser un autre homme, je reprends les jours que je lui ai donnés en partage. »
Le père ne put rien répliquer ; irrité, il cria à sa fille :
« Loin de moi, tu n’es plus à moi ! »
Il avait dit la vérité : en effet Tori ne lui appartenait plus, elle appartenait à Nian ; et comme les deux époux savaient qu’ils n’avaient pas longtemps à vivre, ils s’aimèrent tendrement, éperdument.
Ils eurent trois enfants, et leur laissèrent une assez belle fortune.
Ils moururent ensemble, le même jour, à la même heure, à la même minute, au même instant.
Lorsqu’un voyageur passe devant leur tombe, les habitants du voisinage lui racontent l’histoire des amours de Nian et Tori-Si et quand on parle de deux personnes qui s’aiment de tout leur cœur, on dit :
« Ils s’aiment comme Nian et Tori-si. »