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TCHAPOGUI

de quelqu’un et jouis-en jusqu’à ce que le dépouillé vienne vers toi. »

Okonchanté chercha dans les livres et ajouta :

« Prends le bonheur de Tchapogui, si tu veux. »

Kim le remercia, et au même instant les serviteurs d’Okonchanté le descendirent sur terre, à l’endroit où se trouvait sa chaumière.

Kim se coucha. Le lendemain, il se rendit chez un riche voisin et lui emprunta cent lians et dix mesures de millet.

Naguère personne n’aurait prêté à Kim quoi que ce fût, mais le sort de Kim avait changé, et le voisin lui accorda ce qu’il demandait sans aucune difficulté. Avec cette somme, Kim se mit à faire du commerce et il s’enrichit bientôt de telle manière qu’il devint l’homme le plus opulent de la Corée.

Tout le monde l’enviait ; lui seul savait que son bonheur n’était pas le sien, mais celui de Tchapogui. Nuit et jour, il attendait avec effroi la venue du terrible Tchapogui, qui lui ravirait d’un seul coup toute sa félicité.

« Je le tuerai », se dit Kim ; et il prépara un couteau, une épée et des flèches empoisonnées.

Un jour, voilà que deux mendiants, le mari et la femme, passèrent devant le palais de Kim.

Dans la cour se trouvait un char, sous lequel ils se cachèrent pour se mettre à l’abri des rayons du soleil.

La pauvre femme devint presque aussitôt mère d’un garçon, et l’enfant reçut le nom de Tchapogui, mot qui signifie : trouvé sous un char.