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KO ET KILI-SI

Kili-Si avait donné à son mari quelques livres et un peu d’argent pour le voyage.

Il s’en allait par la grand’route, en se demandant comment il deviendrait un homme instruit. Il arriva ainsi à un village.

Traversant une rue, il entendit, non loin d’une habitation, des voix d’élèves ; il comprit que c’était une école. Il entra donc et s’assit. Le maître lui demanda :

« Qui es-tu ?

— Un élève, répondit Ko.

— Où sont tes livres ?

— Les voici.

— Hé bien ! lis ! dit le maître.

— Je ne sais pas lire !

— Tu n’es pas un écolier, fripon ; tu désires sans doute manger du millet sans payer… Mes élèves savent déjà beaucoup de choses et personne n’a le temps de s’occuper de toi ici… va-t’en ! »

Et Ko, docile, s’en alla.

« Je n’apprendrai jamais rien, murmura-t-il avec tristesse. Ne vaut-il pas mieux que j’aille dans la forêt, afin que les tigres me dévorent ?… »

Il s’enfonça dans la forêt et parvint à un endroit sauvage et sans route. Il voulait mourir, et cependant, au moindre bruit, il s’effrayait, se croyait poursuivi par des tigres, et se cachait de son mieux.

Il ne vit point de tigres, mais des moines, dont le couvent, tout proche, s’élevait dans une clairière de la forêt.