« Ne te tourmente pas, père ! Mange ! C’est Bouddha qui a inspiré tes paroles et c’est lui qui fera tout. »
Quelque temps après, arrivèrent des marchands qui se disposaient à traverser la mer, pour aller chercher des marchandises à Nan-San. Ils demandèrent à acheter une jeune fille dans le but de l’offrir en sacrifice à l’Océan, si l’Océan se courrouçait et menaçait de les engloutir.
« Achetez-moi pour trois cents sacs de riz », leur dit Sim-Tchen.
Les marchands réfléchirent, puis acceptèrent le marché.
Ils fixèrent leur départ au quatorzième jour de la troisième lune.
La veille de ce jour, Sim-Tchen s’assit au chevet de son père et se mit à pleurer silencieusement.
Une larme tomba sur le front de l’aveugle et l’éveilla.
« Pourquoi pleures-tu, ma fille ? »
Sim-Tchen tressaillit :
« Ne me questionne pas, père !
— Je veux le savoir. Je suis ton père et tu dois tout me confier.
— Oh ! père ! ne m’interroge pas !
— Si tu n’honores pas tes parents, tu ne seras pas honorée toi-même.
— Je ne puis parler. Pardonne-moi, père ! »
Le vieillard éclata en sanglots. Il avait deviné le secret de sa fille.