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LE HUIT-FOIS MALHEUREUX

comme l’argent, lui apparut en rêve et lui dit : « Je suis le jeune homme monté sur un taureau que tu as rencontré et avec lequel tu as fraternisé. Je suis l’Esprit de la plaine. Je connais ton désir. Prends ce sac de riz. Quelle que soit la quantité de riz que tu en sortes, il ne se videra jamais. » Il dit et disparut. Et Diou-Si se réveilla.

Elle prit le petit sac déposé à son côté et poursuivit sa route.

Au bout de la plaine, s’élevait une montagne, elle commença à la gravir. Une épaisse forêt en cou­vrait le sommet, et, au milieu de cette forêt, se trou­vait une hutte. Assis devant un foyer, un jeune et beau bûcheron surveillait un chaudron où bouillait de l’eau.

« Que mettras-tu dans cette eau ? demanda Diou-Si, après avoir salué le jeune homme.

— Je ne puis rien y mettre répondit celui-ci, car je n’ai ni riz ni millet. »

Alors Diou-Si pénétra dans la cabane et sortit du sac un grain de riz qu’elle jeta dans la marmite.

Aussitôt, la marmite se remplit de riz ; Diou-Si et le bûcheron en mangèrent à satiété.

« Aime-moi, et nous serons mari et femme, lui dit son compagnon.

— Je ne puis pas t’aimer, répondit Diou-Si. J’aime mon mari, un Huit-fois malheureux ; mais, si tu veux, je serai ta sœur. »

Le bûcheron accepta l’offre et ils fraternisèrent.