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UN AMI INDIGNE

« Ô, grand soleil, de ton palais d’or, tu vois le monde entier, et moi, d’ici je ne vois rien, ni personne. Quand tu la verras, celle que j’aimais, dis-lui que je meurs ici à cause d’elle. »

Quand il se fut endormi, le vent caressa son visage et il pensa que c’était elle qui l’embrassait, comme elle l’avait fait jadis.

Au milieu de la nuit, quelqu’un lui ordonna d’ouvrir les yeux ; il obéit et ce qu’il vit, il ne l’oublia jamais.

La nouvelle lune brillait au ciel lointain. Mais il faisait sombre et le Scorpion étincelait toujours plus avant dans le bleu du ciel obscur[1]. Solitaire et morne, le Pektousan dressait son sommet étincelant vers le firmament. Et de ce sommet sortait une fumée diaphane à peine visible. Soudain, un dragon en surgit. Blanc et transparent comme une vapeur, il s’élevait dans le ciel pur jusqu’à la lune et tous ceux qui ne dormaient pas, purent l’apercevoir.

« N’aie pas peur de moi, s’écria le dragon, je sais que tu n’es pas venu ici de par ta propre volonté. Mais c’est par ta propre volonté que tu es tombé dans la misère. Tu souffres sans raison et je te récompenserai. Va-t-en droit au pays qui est au couchant, et après trois soleils, tu verras un lac et trois arbres. À cet endroit, creuse le sol, et tu découvriras autant d’or que tu en peux désirer. »

Ces paroles dites, le corps du dragon pâlit, pâlit et disparut complètement dans le ciel obscur.

  1. Scorpion. — constellation zodiacale.