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Les mêmes mètres et genres de poésie usités en persan existent aussi en urdu, si ce n’est qu’il y a deux genres de poèmes particuliers à la langue indienne, le mukri et le pahéli, dont je parlerai plus loin.

En arabe on a d’abord nommé diwan un simple recueil de poésies : ainsi on dit le diwan de Mutanabbi, le diwan d’ibn Fared, le diwan d’Amru’lcaïs, en parlant du recueil des poésies de ces écrivains célèbres ; mais actuellement, en arabe, aussi bien que dans les autres langues de l’Orient musulman, en hindoustani, en puschtu, en persan, en turc, on entend par cette expression un recueil de gazals classés, sans égard pour leur sujet, par l’ordre alphabétique de la dernière lettre de la rime, auquel on joint le plus souvent accessoirement d’autres poëmes de genres variés, et on nomme kulliyat (œuvres complètes) un recueil de plusieurs diwans ou d’un diwan et d’un grand nombre d’autres poésies d’un même auteur. Ces deux expressions ne s’appliquent pas aux poésies hindies. Ainsi les recueils de dohras, de kabits et de slokas, généralement écrits en caractères dévanagaris, ne portent pas ces titres.

On donne rarement aux diwans et aux kulliyats des titres spéciaux. Quelques-uns en ont cependant. Ainsi le diwan d’Akhtar (Wajid Ali), le roi d’Aoude actuel, porte le titre de Faïz bunyan (Assise de grâce)[1] ; celui de Josch (Ahmad Haçan khan) porte le titre de Guldasta-i-sukhan (Bouquet d’éloquence) ; les deux diwans de Raschk sont intitulés Nazm mubarak (Poésie bénie) et Nazm guirani (Poésie excellente) ; et le kulliyat de Tapisch est intitulé Gulzar-i mazamin (le Jardin des significations).

  1. Ce diwan, publié à Lakhnau en 1259 (1843-44), a encore ceci de particulier qu’on y trouve indiqué, en tête de chaque gazai, le nom du mètre qu’on y a suivi, ce qui le rend précieux, pour l’étude de la métrique arabe.