Page:Garcin de Tassy - Les Auteurs hindoustanis et leurs ouvrages.djvu/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La plupart d’entre eux sont restés fidèles à l’ancienne langue aussi bien qu’à l’ancien culte.

Quant aux musulmans, ils se divisent, dans l’Inde, sous le rapport religieux, en sunnites ou « traditionnaires » et schiites ou « séparatistes ». On a souvent comparé[1] les sunnites aux catholiques et les schiites aux protestants, parce que ces derniers rejettent la sunna ou « tradition relative aux actions de Mahomet » (tout en admettant les hadis, c’est-à-dire les paroles attribuées par la tradition à Mahomet). Toutefois, Chardin, qui, à la vérité, était protestant, fait l’inverse, à cause, peut-être, des cérémonies extérieures du culte des schiites.

Il y a aussi des dissidents, nommés saïyid ahmadis, du nom de leur fondateur. Ce sont les wahabis de l’Inde, et on les appelle quelquefois ainsi. Plusieurs écrivains hindoustanis appartiennent à cette secte ; tels sont : Haji Abd ullah, Haji Ismaïl, et plusieurs autres dont j’aurai l’occasion de parler plus loin.

On trouve également parmi les écrivains hindoustanis un grand nombre de philosophes musulmans ou sofis, dont plusieurs sont réputés saints ; des poëtes mendiants, non-seulement volontaires ou faquirs, mais de véritables mendiants, qui vont vendre dans les marchés, sur des feuilles volantes, les pièces de vers de leur composition. Tels furent Mukarim (Mirza), de Delhi, et Kamtarin (Miyan), surnommé Pir-Khan[2], qui vendaient eux-mêmes,

  1. Je suis un de ceux qui ont fait cette comparaison dans mon Mémoire sur un chapitre inconnu du Coran. Journal Asiat. 1842.
  2. Il est mort en 1168 (1754-55). Quant à son titre pompeux de Khan, on le donne dans l’Inde, à tous les Pathans ou Afgans, et, en effet, notre poëte était Afgan.