Page:Garcin de Tassy - La Langue et la littérature hindoustanies en 1876.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pêcher tout à coup la chose, mais elles peuvent prendre des mesures pour que cet usage détestable et cette malheureuse coutume de déconsidérer la veuve qui se remarie soit désormais extirpée. Pour arrêter le grave inconvénient dont il s’agit, il faut réunir une assemblée générale on les docteurs de chaque religion donneront des preuves intellectuelles et traditionnelles contre l’usage de ne pas permettre aux veuves indiennes de se remarier ; interdiction pire que celui d’être satî (de se brûler sur le bûcher de son mari) ; en sorte que toute personne ayant reçu de l’éducation et aucun chef de religion ne puisse considérer comme coupable le mariage des veuves. Car pourquoi, dans l’Inde, le mariage des veuves n’a-t-il pas lieu et fait-on mourir, en réalité, ces malheureuses ? Le second mariage n’est défendu dans la religion d’aucun peuple, et cependant l’autorisation pour un second mariage’ne peut être aujourd’hui obtenue dans l’Inde que par des milliers d’efforts.

« Anciennement, l’usage de se remarier de la part des veuves avait lieu chez les musulmans de l’Hindonstan, et les sages et les gens d’esprit l’approuvaient et considéraient même comme un pèche d’y renoncer. Puisque un second mariage est décidément permis chez eux, quel mal y aurait-il que tous les habitants de l’Hindoustan suivissent en cela l’ancien usage des musulmans ?

« Comment se fait-il que dans les sermons on fasse l’éloge des seconds mariages et qu’on insiste pour qu’ils aient lieu, sans que cela amène de résultat pratique ? Pourquoi alors les ulémas et les cazis ne se réuniraient-ils pas aux grands et aux petits et, après une discussion entre eux, ne souscriraient-ils pas la promesse de ne pas laisser les jeunes veuves sans être remariées après l’époque du deuil ? Nous espérons bien que lorsqu’une telle réunion aurait obtenu un engagement de ce genre, les maulawis eux-mêmes rougiraient de mettre obstacle à ces seconds mariages et seraient les premiers à les ordonner, bien loin de s’y opposer.