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laissé les meilleurs souvenirs de son esprit et de ses talents. Littérateur distingué, auteur de plusieurs ouvrages remarquables, il était ministre britannique à Lisbonne lorsqu’il a été appelé par le gouvernement de la Reine d’Angleterre au poste élevé qu’il occupe maintenant.

De même que les journaux anglais, les journaux indigènes de l’Inde ont discuté en toute liberté l’opportunité du changement du titre royal, mais ils l’ont surtout envisagé sous le point de vue de celui qu’il y aurait par suite à faire aux titres des princes indiens.

On lit à ce sujet dans l’Aawadh akhbâr[1] : « Puisqu’on donne à la grande Reine le nom de Schâhinschâh, il faut qu’on donne aussi aux wâli, ou chefs du premier ordre, par exemple au Nizam du Décan, le titre de padischâh, et qu’on élève de la même manière les appellations honorifiques de tous les potentats de l’Inde. »

En effet, depuis que, la Reine d’Angleterre a pris le titre d’impératrice, l’amir du Caboul a voulu prendre celui de padischâh[2]. Il a consulté à cet effet son conseil d’État, composé des personnes les plus distinguées du pays, qui n’ont trouvé aucun inconvénient à la chose[3]. On dit que de son côté le roi de Birmanie songe sérieusement à se faire proclamer empereur, afin d’être au niveau de l’impératrice de l’Inde et des empereurs de Russie et d’Allemagne[4].

Les journaux non-seulement indiens[5], mais anglais, français, que dis-je, du monde entier, ayant entretenu leurs

  1. N° du 1er mars 1876.
  2. Et non bâdschâh, car ce mot paraît être l’hybride pati-schâh, « le seigneur Roi ».
  3. Aligarh Akhbâr du 16 mai 1876.
  4. Aligarh Akhbar du 23 juin 1876.
  5. Afin de satisfaire ses lecteurs, l’Awadh Akhbâr a publié à part, sous le titre d’Extra Awadh Akhbâr, le récit circonstancié de la réception qui a été faite dans l’Inde au Prince de Galles, en une brochure grand in-8o de 79 pages.