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nisme, comme l’a fait Abd ullah, l’ancien éditeur du journal hindoustani de Lahore le Koh-i nûr. D’autres persistent honorablement dans leur conversion et résistent à toutes les influences. Il y en a enfin qui deviennent eux-mêmes prêtres, comme ceux qu’ordonna l’évêque de Calcutta, feu Mgr Milman, à sa visite à Amritsir en novembre 1875 ; mais ceux-là sont rares. Il y en a davantage qui, convertis intérieurement, n’osent faire profession ouverte du christianisme, comme en Europe bien des prétendus libres penseurs sont au fond très-croyants. C’est ainsi qu’un vieux maulawi Husn Schah, professeur d’arabe à l’Université de Labore, mourut avec son « Common Prayer » en urdu sous son traversin, en exhortant son fils d’avoir plus de courage que lui et de confesser ouvertement sa foi en Jésus-Christ. Quant à Imad uddin, il continue de s’occuper, soit comme prédicateur, soit comme auteur, à répandre « la Bonne Nouvelle ». Ce fut lui qui fut chargé par l’évêque de Calcutta, à sa visite à Amritsir, de prêcher devant lui en urdu le sermon de l’ordination, le 28 novembre 1875. En dernier lieu il s’est occupé, avec le Rév. R. Clark, de la publication d’un commentaire de l’Évangile de saint Matthieu et des Actes des Apôtres.

Certains Sikhs considèrent la doctrine chrétienne comme le vrai gniân (savoir), sorte de charme magique qu’ils demandent aux missionnaires de leur apprendre ; mais la généralité du peuple considère les missionnaires comme des barbares et se cache à leur approche ; cependant, au moyen des livres en langue usuelle, ils peuvent préparer la voie à des explications verbales, et par suite à des conversions.

Le récit de quelques conversions d’Hindous est tout il fait intéressant ; ce sont souvent des ennemis déclarés du christianisme qui, comme saint Paul, ont été tout à coup touchés par la grâce ; d’autres fois, c’est, comme dans le cas d’Imad uddin, après toutes sortes de tentatives infructueuses pour se retremper dans la foi de leurs pères. Souvent on est touché par la religieuse résistance des nouveaux convertis aux