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met (que Dieu lui soit propice et lui accorde le salut), fragment par fragment, dans l’espace de vingt-trois ans.

3° Que le Pentateuque[1] a été envoyé au prophète Moïse, sur qui soit la paix.

4° L’Évangile[2] au prophète Jésus, sur qui soit la paix.

  1. Mouradgea d’Ohsson, sur l’autorité d’Ahmed-Efendi, cite (Tabl. de l’Emp. ott., t. I, p. 194) les passages du Pentateuque dont les musulmans étayent la mission de Mahomet. Je les ai mentionnés en tête de ce recueil.
  2. On trouve des traductions arabes, persanes et turques de ce que les musulmans appellent l’Évangile, résumé, paraît-il, des quatre Évangiles, dans les bibliothèques publiques de Constantinople, ainsi qu’on peut voir dans Toderini, Letteratura Turchesca. Les musulmans, fondés sur le Coran, LXI, 6, étayent aussi de ce livre la mission de leur prophète, en lui appliquant les passages où il est question du Paraclet, ainsi qu’on l’a vu plus haut, quoique, fondés encore sur le Coran, ils accusent les chrétiens d’avoir altéré l’Évangile, de même qu’ils accusent les juifs d’avoir falsifié et corrompu le Pentateuque et le Psautier. En Europe, on a imprimé plusieurs fois les Évangiles en turc. Dès 1666, Seaman les donna à Oxford, et de nos jours la Société biblique de Russie et celle de Londres en ont publié deux différentes traductions. Le Nouveau-Testament turc de la Société biblique de Londres a été imprimé à Paris à l’Imprimerie royale, par les soins de feu le savant et modeste interprète du Roi, Kieffer. On ne saurait donner trop d’éloges à ces hommes dévorés du zèle de la maison de Dieu, qui veulent faire participer à la connaissance de l’Évangile toutes les nations de la terre. La propagation de ce saint livre pourra peut-être un jour réunir tous les hommes à une même croyance, ou du moins les rapprocher par les liens de la plus douce et de la plus pure morale qui ait jamais été enseignée. Puisque j’ai cité Toderini, je ne puis m’empêcher de dire combien la traduction française qu’en a donnée l’abbé de Cournand est infidèle. Sans parler des mots orientaux qui y sont totalement altérés, et de plusieurs noms d’auteurs européens connus et célèbres, également défigurés, la traduction contient bien des contresens, qui en rendent souvent la lecture inintelligible. L’auteur a toujours traduit assai par assez, sans s’embarrasser du sens : c’est ainsi qu’on lit, entre autres exemples que je pourrais citer, t. II, p. 94 : « La bibliothèque de la mosquée royale du sultan Bajazet Il est assez postérieure au temps où ce prince a vécu, puisqu’elle fut établie plus de deux siècles et demi après la mort de cet empereur. » Il fallait traduire « est très-postérieure, etc. » Le traducteur a toujours rendu per par pour, comme on peut voir, entre autres, t. 1, p. 235 où on lit : « Cette célèbre sonate... j’ai trouvé... qu’elle se conserve encore pour tradition. » Il faut : « par tradition. » Voici quelques-unes des phrases inintelligibles qui défigurent cette traduction. T. II, p. 18 : « Une mosquée si somptueuse ne devait point manquer de son médressé. » Il fallait dire : « manquer d’avoir, » ou mieux : « Il était naturel qu’une mosquée si somptueuse eût un médressé. » Ibid., p. 177 : « Ces deux alcorans sont venus de mosquée. » Il y a dans l’italien « de la Mecque. » Il serait facile de faire d’autres citations. D’ailleurs, je ne sais pourquoi le traducteur français a très-souvent omis les notes de l’auteur italien.