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été inquiétés, et je crois fermement que les excès commis furent causés par le grand ressentiment de la foule en apprenant mon arrestation et le bruit de l’arrestation de Miss Ansuya Sarabhai.

J’ai fréquenté les masses à peu près partout dans l’Inde et me suis entretenu librement avec elles ; je ne puis croire qu’il y ait eu un mouvement révolutionnaire derrière les excès commis. On ne peut les honorer du nom de rébellion.

Mesures prises. — Selon moi, le gouvernement a eu tort d’accuser les coupables d’avoir déclaré la guerre. Cette opinion a causé des souffrances disproportionnées et imméritées. L’amende imposée à la pauvre ville d’Ahmedabad était excessive et la façon de la faire payer par les ouvriers inutilement dure et vexatoire. Je doute qu’il ait été juste d’exiger une amende aussi forte (176.000) roupies à des ouvriers. Et l’obligation de payer les frais imposée aux fermiers de Baredji et aux Banias et Patidars[1] de Nadiad était une mesure vindicative que rien ne justifiait. Rien ne justifiait non plus, selon moi, que la loi martiale fût établie à Ahmedabad, et la façon inconsidérée dont elle fut appliquée causa la perte de plusieurs existences innocentes.

Cependant, et sous réserve de ce que j’ai dit précédemment, je ne doute pas que dans la Présidence de Bombay les autorités n’aient agi avec une grande modération, à un moment où l’atmosphère était surchargée de méfiance réciproque et où la tentative de faire dérailler le train qui amenait les troupes pour le

  1. Banias et Patidars : deux classes de marchands.