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nous hantent encore. Malgré tout, on voit de nouveau le Satyâgraha poindre lentement dans la plupart des esprits. Le 17 octobre un hartal[1] se fit dans diverses parties de l’Inde, au milieu d’un calme et d’une paix absolus. Les fidèles passèrent la journée en jeûnes et en prières. Les Hindous prirent part au deuil des Musulmans, fortifiant l’espoir de ces derniers et en même temps les liens qui les unissent à eux — liens qu’il serait à présent bien difficile de briser.

Si quelqu’un demandait quel fut l’événement le plus important de l’année passée, nous répondrions sans la moindre hésitation : « Ce fut l’accueil fait au Satyâgraha », si infime ait-il été, consciemment ou inconsciemment, par ceux qui dirigent aussi bien que par ceux qui obéissent. Et pour le prouver, nous rappellerions le 17 octobre[2].

Dans le Satyâgraha est tout l’espoir de l’Inde. Et qu’est-ce que le Satyâgraha ? il a souvent été décrit ; mais de même que le soleil ne peut l’être complètement même par le serpent Sheshaga[3] aux mille langues, le soleil du Satyâgraha ne saurait se décrire d’une façon satisfaisante. Nous voyons toujours le soleil et pourtant nous n’en savons pas grand chose ; de même il nous semble apercevoir sans cesse le soleil du Satyâgraha, mais nous le connaissons bien peu.

  1. « Arrêt de travail ». Jour de prières et de jeûne.
  2. Khilafat-Day : la Journée du Califat. Imposante démonstration, pour protester contre les atteintes aux droits du Calife (Sultan) par les gouvernements Alliés d’Europe. — Voir Romain Rolland, d. c. p. 63-64).
  3. Le grand serpent sur lequel est couché le dieu Vishnu.