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correspond affectueusement avec les chrétiens[1]. Il ne lutte pas contre eux. Il travaille pour eux, pour le christianisme même, que l’Europe trahit[2].



J’ai tâché de bien dégager aux yeux du lecteur, le caractère de la bataille engagée et la nature de l’enjeu. On se rendra mieux compte ensuite, en étudiant le livre, du génie dépensé par cet « idéaliste pratique », comme il aime à se nommer[3], dans la réalisation de son grand Dessein. Il a ce don, très rare, chez les croyants passionnés, de lire dans la pensée des autres. Il est doué de la faculté « polypsychologique » de parler à chacun sa langue et, par un juste sens des natures diverses, de ne faire appel à leurs meilleures forces que dans le cercle propre de compréhension et d’action qui est dévolu à chaque être. C’est ce qui explique que, pour son compte, embrassant dans son cœur toute l’humanité, il parle aux Sikhs le langage patriotique, et qu’à ceux qui veulent prendre les armes il enseigne à employer ces armes pour leur pays[4]. Ainsi

  1. 15 août, 23 septembre 1921.
  2. p. 119.
  3. p. 107.
  4. Lire le curieux article : « Mon Inconséquence », 23 février 1921, — où il explique sa campagne de recrutement en 1914. Sa foi dans l’Ahimsâ (Non-Violence) est, dit-il, absolue. Mais la plupart des hommes ne croient pas à l' Ahimsâ ils croient à la Violence ; et pourtant ils refusent de faire leur devoir selon le monde de la Violence, — leur devoir national et patriotique. — « Je le leur expliquai, écrit Gandhi. Je leur expliquai aussi la doctrine d’Ahimsâ et les laissai choisir. C’est ce qu’ils ont fait. Je ne m’en repens pas. Car même sous le Swarâj (c’est-à-dire dans une Inde libérée), je