Page:Gandhi - La Jeune Inde.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.

elle a une telle aversion du voile, des réticences, des « à moitié dits », de tout ce qui, de près ou de loin, ressemble à un compromis, ou à une dissimulation, qu’il semblerait qu’il n’y eût qu’à laisser le public en contact immédiat avec elle.

« J’ai toujours développé au grand jour, écrit-il, mes plans les plus hardis… Je hais le secret comme un crime… Je remercie Dieu de ce que depuis longtemps je considère le secret comme un péché, surtout en matière politique… Jamais une restriction mentale !… »[1]

Je devrais d’autant plus me retirer à l’arrière-plan que j’ai longuement expliqué la mission du Mahâtmâ et la caractéristique de son génie dans un petit volume, qui est maintenant répandu et traduit dans toutes les langues d’Europe, et, dans l’Inde même, en trois langues. Je le dis sans amour-propre : car tout le secret de la diffusion universelle de ce livre est dans le rayonnement de « la Grande Âme »[2], derrière laquelle je me suis effacé. Et c’est ce que je devrais faire encore aujourd’hui.

Mais depuis que ce livre a paru, j’ai eu occasion d’en reviser les idées, par des entretiens nombreux et une correspondance suivie avec des Indiens de tous les partis, avec des témoins européens dans l’Inde, et même avec le Mahâtmâ, maintenant sorti de prison. En relisant ses articles dans cette traduction, j’ai revu sous un nouveau jour certaines de ses pensées ; j’en ai aperçu la complexité, et parfois les divers plans superposés ; le caractère tragique s’est encore accentué. Je voudrais faire part au lecteur de mes nouvelles découvertes. —

  1. P. 105-110. Article du 22 décembre 1920 : Le Péché du Secret.
  2. On sait que c’est le sens du nom : Mahâtmâ.