Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/91

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— J’avais, pour vivre, vaincu la nuit et les longs jours de sécheresse. Maintenant, l’acajou généreux qui me donnait sa sève a perdu sa parure… la lumière ne reflétera plus en moi l’arc-en-ciel, doré, mauve, vert et rouge.

Et voici que d’autres voix de plantes se joignirent aux lamentations de l’orchidée agonisante :

— Pourquoi as-tu détruit la beauté, la vie et l’âme de la fleur merveilleuse ?

— …

— Tu as tué sans raison…

Mais Marthe, indifférente, suivait les ébats d’un tatou, dont le museau, en forme de trompe, reniflait sur le sol l’orchidée déchirée.

Le tatou revêtu d’une carapace rose ressemblait à un petit porc en porcelaine. Il allait avec des gestes raides d’automate. Bardé d’ivoire et de corail, semblable à un bibelot chinois, il parut déconcerté de sa trouvaille et rebroussa chemin.

Marthe le prit dans ses bras.

— La chair du tatou est délicieuse, dit-elle ; elle est blanche et tendre. Je garderai la carapace avec laquelle on fait des peignes qu’aucune écaille ne peut égaler.