Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion simulée, observait les lutteurs sous ses cils baissés. Elle se tenait immobile, un peu pâle, les narines battantes.

Elle mordit avec force dans la chair rouge du fruit ; ses lèvres aspiraient le jus à la fois acide et sucré.

Les deux hommes geignaient, frappaient, haletaient avec des cris rauques. Sur leurs visages congestionnés le sang coulait en minces filets.

Les coups qui s’abattaient sur le visage de Ganne l’envoyèrent s’écraser contre le mur. Il resta un instant sans connaissance, puis il tenta de se redresser… Loubet se rua, le prit à nouveau à la gorge et tomba avec lui sur le sol.

Marthe lavait à la fontaine indienne ses doigts et sa bouche poisseuse. Ses lèvres sensuelles frémissaient sous la caresse des doigts mouillés.

Elle regarda un instant les lutteurs qui semblaient ne faire qu’un seul corps soulevé par de lents soubresauts. Ses yeux brillaient. Un feu intérieur colorait maintenant ses joues et ses oreilles.

Un désir la secoua. Elle aurait voulu se jeter sur ces deux hommes, les embrasser ensemble et les mordre. Elle se pencha, prête à frapper, savourant déjà la volupté des coups qu’elle recevrait.

Loubet était devant elle. Les cheveux couvrant le front et les yeux, sanglant, hagard, stu-